La décoction est une méthode d'extraction des principes actifs et/ou des arômes d'une préparation végétale par dissolution dans l'eau chaude. Une fois filtré, le liquide ainsi obtenu s'appelle le décocté.

Elle est économique et écologique, puisqu'il suffit de cueillir la plante, éventuellement de la faire sécher ou bien de se la procurer en vrac auprès d'un herboriste de confiance. Elle est à la portée de toutes et tous, pourvu que nous connaissions quelques gestes essentiels. Elle permet ainsi d'extraire de nombreux principes actifs et gagne à être employée quotidiennement (contrairement aux huiles essentielles) dans de nombreux domaines. Pour toutes ces raisons, c'est une pratique totalement badass qui s'intègre parfaitement à notre philosophie du "moins mais mieux" et du "faire soi-même" aux vertus émancipatrices.

La décoction de plante peut être utilisée pure ou comme actif dans les recettes "fait maison". Voici quelques exemples :

• En tant que phase aqueuse dans les cosmétiques (crème corporelle, crème visage, shampoing solide et liquide, après-shampoing, masque, huile démaquillante biphasée, eau tonique, etc).
• En tant qu'actif pur (soin démêlant sans rinçage, cataplasme, eau de rinçage, etc).
• En tant que produit ménager (détergeant, lessive liquide, etc).

Précipitation : Une fois la décoction refroidit, il peu y avoir une réaction durant laquelle un composant de la plante, très peu soluble, est formé. Ce précipité se dépose généralement au fond du flacon. Bien que peu esthétique, il n'altère en rien la qualité de la décoction.

La décoction est généralement réservée aux parties les plus dures des plantes, que sont :

• Les racines et rhizomes, comme celles de guimauve (Althaea officinalis), de  grande bardane (Arctium lappaou L.), de curcuma (Curcuma Longa) ou de réglisse (Glycyrrhiza glabra).
• Les graines à l'instar du lin (Linum usitatissimum) ou du fenouil (Foeniculum vulgare).
• les écorces et les bois : saule blanc (Salix alba), sapin baumier (Abies balsamea), romarin (Rosmarinus officinalis).

Certaines de ces parties sont difficiles à découper une fois sèches. Il faut y penser lorsque l'on fait sécher soi-même ses propres écorces et racines. Le mieux est encore de les hacher grossièrement avant la sèche. Cela facilite leur utilisation ainsi que leur stockage, toujours à garder à l'abri de l'humidité et de la lumière.

Sinon, il est tout à fait possible de se procurer ces plantes en vrac auprès d'un herboriste de confiance, sous forme de plantes séchées hachées finement. Ce dernier point favorise la dispersion des principes actifs dans l'eau lors de la décoction.

Enfin, il est également possible de se procurer ces plantes sous forme pulvérisée, c'est-à-dire des plantes réduites en poudre. Cette forme est très pratique à utiliser et à stocker. Toutefois, il faut garder à l'esprit que la pulvérisation des plantes dégrade une partie de leur propriété. Pour un usage cosmétique, cette dégradation n'altère pas la qualité du soin si la poudre est qualitative, c'est-à-dire de culture biologique, pure et naturelle, odorante avec une traçabilité complète. L'idéal étant de pulvériser soi-même ses plantes au dernier moment, à l'aide d'un mixer et d'un moulin à café.

Pour faire une décoction de plante, il suffit d'une plante et de l'eau la plus pure possible (bien que pour commencer, l'eau courante fasse aussi le job).

La quantité d'eau et de plante varie selon cette dernière. Pour connaitre les quantités adéquats de chaque plante, référez-vous par exemple aux guides des plantes du Docteur Jean Valnet intitulés "La phytothérapie" et "L'aromathérapie"

Voici quelques exemples de dosage tirés des ouvrages précités.

Saponaire (Saponaria officinalis), plante entière : à manipuler avec précaution. Les préparations doivent être utilisées fraiches et non préparées à l'avance

Lin (Linum usitatissimum), graines :  son huile est toxique en cas de rancissement.

• 1 petite casserole en terre cuite ou en inox
• 1 couvercle
• 1 chinois (plante découpée) en inox ou 1 filtre à thé (plante pulvérisée) en chanvre ou en coton bio
• 1 contenant propre

1. Désinfectez vos mains, le plan de travail et le matériel.
2. Décoction :
   - Plante coupée : dans une petite casserole à couvert, recouvrez la plante avec l'eau froide.
   - Plante pulvérisée : disposez la plante dans un filtre à thé, puis recouvrez le filtre avec l'eau froide dans une petite casserole à couvert.
   Vous pouvez aussi verser l'eau froide directement sur la poudre, mais pour un usage cosmétique l'utilisation est moins pratique.
3. Faites doucement bouillir la préparation, puis laissez décocter pendant 15 minutes à couvert. Cette durée varie selon la plante, la partie utilisée ainsi que l'effet recherché. N'hésitez pas à noter vos propres observations.
4. Filtration :
   - Plante coupée : à l'aide d'un filtre type chinois et d'un entonnoir, filtrez le liquide ainsi obtenu dans un contenant propre et sec. La plante se composte.
   - Plante pulvérisée : retirez le filtre du décocté. La plante se composte. A l'aide d'un entonnoir, filtrez le liquide ainsi obtenu dans un contenant propre et sec.
5. Conservation : La décoction se conserve quelques jours au frais dans une bouteille hermétique. Pour allonger la durée de conservation des solutions aqueuses à 1 mois, ajoutez de l'extrait de pépins de pamplemousse (EPP), un conservateur antibactérien et antifongique à large spectre.

Ouvrages de référence :

• Aromathérapie : 100 huiles essentielles, Dominique Baudoux, éd. Dunod, 2020
• Aromathérapie, Jean Valnet, éd. Vigot, 2020
• Atlas de botanique parfumée, Jean-Claude Ellena, éd. Arthaud, 2020
• La phytothérapie de la femme : accompagner au quotidien les cycles du féminin, Fabienne Goddyn, éd. Rustica, 2020
• Aromathérapie pour les enfants : 100 préparations pour tous les jours, Sabrina Herber et Eliane Zimmermann, éd. Delachaux et Niestlé, 2019
• Aromathérapie, Dominique Baudoux, éd. Dunod, 2017 
• Plantes médicinales : phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique, éd. Lavoisier-Tec & Doc, 2017
• L'aromathérapie des petits, Anne-Laure Jaffrelo, éd. Alternatives, 2015
• Quelles huiles essentielles pendant ma grossesse ?, Danièle Festy, éd. Leduc.s, 2011  
• Traité pratique de phytothérapie, Jean-Michel Morel, éd. Grancher, 2008
• Les causes et les remèdes (Liber compositae medicinae. Causae et curae), Hildegarde de Bingen, éd. J. Millon, 2007
• Prescription et conseil en phytothérapie, Jean Raynaud, éd. Lavoisier-Tec & Doc EM Inter, 2005
• Les quatre flores de France, Paul Fournier, éd. Dunod, 2001
• Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, François-Joseph Cazin, éd. Envol, 1997
• Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, Hippolyte Coste, éd. A. Blanchard, 1993
• Phytothérapie : se soigner par les plantes, Jean Valnet, éd. Livre de poche, 1986
• Flore complète portative de la France, de la Suisse et de la Belgique, Gaston Bonnier, éd. Belin, 1986

Sources dématérialisées :

• https://www.syndicat-simples.org/
• https://www.ansm.sante.fr/
• https://www.economie.gouv.fr/dgccrf