S'agissant de notre alimentation, si nous choisissons essentiellement des ingrédients locaux, biologiques et sains, pourquoi en serait-il différemment des produits que nous appliquons quotidiennement sur notre peau ? La peau est perméable à notre environnement immédiat et elle couvre une surface d'environ 1,5 à 2 mètres carrés, en fonction de notre taille. Elle est plus ou moins liée aux muscles, fascias et organes sous-jacents. Elle est un organe à part entière comprenant l'épiderme, le derme et l'hypoderme. Elle est notre lien entre le dedans et le dehors, notre connexion à soi et aux autres.
Ainsi, le choix des ingrédients pour réaliser ses propres produits finis n'est pas anodin. Il appartient à une réflexion plus vaste sur notre rapport à la nature, aux plantes ainsi qu'en matière de consommation durable et responsable. Penser développement durable, c'est d'ailleurs tenir compte des 3 sphères qui le compose : social, économique et environnemental.
Choisies avec soin, les matières premières sont des produits luxueux ne contenant que l'essentiel : des actifs naturels bons pour notre peau et tranquillisants pour notre esprit. Associées en synergies, elles font alors la magnificence de chaque création maison.
Aujourd'hui plus que jamais, il est essentiel de connaitre quelques rudiments pour bien sélectionner ses ingrédients de base et éduquer ses sens à l'éveil. A cet effet, voici quelques conseils, applicables au néophyte comme à l'habitué du fait soi-même.
LA QUALITé avant la quantité
Privilégier la qualité avant la quantité est le meilleur moyen de concilier plaisir, sens et efficience. En effet, il est contre-productif de se perdre dans une consommation effrénée de matières premières aux dénominations exotiques ou de posséder le dernier actif à la mode.
En se concentrant sur une dizaine de plantes seulement (dont la plupart sont vivaces, cultivables dans votre carré de jardin ou dont vous pouvez faire la cueillette dans la forêt ou la prairie avoisinante), vous apprendrez à vraiment connaitre les spécificités de chacune d'elles et vous vous rendrez rapidement compte de leur multi-potentiel. Une même plante a ainsi divers emplois, emploi qui diverge selon la partie extraite (sommités fleuries, tiges, feuilles, racines, etc) et le procédé d'extraction (macérât, teinture-mère, décoction, infusion, etc) et la saisonnalité. Ces plantes locales sont donc de véritables "couteaux suisse" à intégrer dans un mode de vie alternatif et économe. C'est par exemple le cas de l'ortie, du plantain, de la camomille, du romarin ou encore de la menthe poivrée
des HUILES végétales extra-vierge première pression à froid
Une huile végétale qualitative et durable est une huile issue de l'agriculture biologique ou durable, locale et qui sert divers emplois, si bien en cosmétique qu'en cuisine. Elle est vierge (pure, c'est-à-dire non mélangée) et extra, obtenue par première pression à froid afin de préserver ses qualités. Elle est ainsi extraite par des procédés mécaniques uniquement, sans recours à des produits chimiques ni à la chaleur.
Notons qu'il est plus avantageux de se procurer les huiles végétales biologiques de première pression à froid de qualité alimentaire plutôt que cosmétique. D'une part, elles sont bien moins coûteuses pour une qualité équivalente et d'autre part, elles sont conditionnées par bouteille en verre de 500 ml à 2L, ce qui limite les déchets.
Enfin, ne cédons pas aux tendances exotiques lorsqu'une huile française à des propriétés organoleptiques similaires. Par exemple, l'huile végétale de jojoba est notamment issue de Californie, du Nouveau Mexique, de l'Arizona et d'Argentine... Or, il est parfaitement possible de lui substituer celle de noisettes ou de chanvre français.
Choisir des producteurs locaux français, c'est aussi s'assurer de la traçabilité de l'huile, de la plante au produit fini et rétribuer ces producteurs au prix juste (les charges sociales et les conditions de travail ne sont pas les mêmes en France qu'au Mexique, etc).
des EXTRAITS de plantes et des argiles pures et naturelles
Idéalement, préférez toujours les plantes entières séchées à la poudre de plantes. Il vous suffira alors de broyer vous-même la plante à l'aide d'un moulin à café manuel par exemple.
Il y a une raison simple à cela. Plus le produit est transformé, moins vous êtes assuré de sa qualité. Une plante micronisée ne peut plus être identifiée, au contraire d'une plante entière dont vous pouvez contrôler l'aspect. Par ailleurs, il est impossible de s'assurer à 100% que cette poudre de plante est 100% pure et naturelle. De plus, le fournisseur n'a pas l'obligation légale d'apposer la provenance de la plante. Soyez donc particulièrement vigilent quant au choix de votre fournisseur. Pour ma part, je choisi mes poudres auprès d'herboristes de confiance.
A défaut, les poudres de plantes biologiques ne doivent pas être irradiées et doivent être choisies 100% pures et naturelles. Les poudres de plante sont généralement récoltées à la main avant d'être séchées à l'air libre puis broyées.
Les argiles sont extraites de carrières naturelles, concassées puis broyées finement (< 160 microns) Elles sont séchées dans un four à plus de 350°C pendant 20 minutes. Ce procédé permet de réduire leur charge microbiologique. Elles doivent être choisies 100% d'origine naturelle, non lavées pour conserver toute leur richesse en minéraux, non ionisées. Des analyses régulières doivent montrer l'absence de contamination par des PCB et dioxines et la conformité sur les taux de métaux lourds (< 20 ppm).
des huiles essentielleS PURES ET NATURELLES
Toutes les huiles essentielles ne se valent pas. La première des précautions est d'acheter une huile essentielle de qualité (1).
Les certifications AB (Agriculture biologique pour les huiles comestibles), Ecocert ou Cosmos Organic garantissent l’absence de pesticides et d'engrais chimiques de synthèse dans les plantes, mais ils assurent aussi et surtout la traçabilité de l'huile.
Le label "Huile Essentielle Botaniquement et Biochimiquement Définie" (HEBBD) garantit que les huiles essentielles sont entièrement définies à la fois sur le plan botanique (organe producteur de la plante, dénomination botanique latine exacte, chémotype, pays d'origine) et chimique (une chromatographie est réalisée pour chaque nouveau lot d’huile essentielle).
Ce label est un gage de qualité des huiles essentielles sur :
- le choix du biotype le plus favorable ;
- la qualité des méthodes d’extraction utilisées ;
- le contrôle de l’identité et de la composition de l’huile essentielle par analyse (non décolorée, non déterpénée, non rectifiée…) ;
- la garantie d’une huile essentielle 100% pure (exempt d'autres huiles essentielles proches) ;
- la garantie d'une huile essentielle 100% naturelle (non dénaturée avec des molécules de synthèse).
Le label "Huiles Essentielles Chémotypées" (HECT), est également gage de qualité des huiles essentielles sur le plan botanique et biochimique.
Outre ces labels et certifications, une huile essentielle doit subir un contrôle qualité par un laboratoire spécialisé avant sa mise en vente sur le marché :
- Le contrôle des caractères organoleptiques. Chaque huile essentielle a une couleur, une odeur et un aspect unique, identifiable parmi les autres huiles essentielles, même celles provenant de la même famille de plantes.
- L'analyse des mesures physiques et chimiques. Plusieurs tests sont réalisés afin de définir la densité, l'indice de réfraction, le pouvoir rotatoire, le point éclair, etc.
- La chromatographie en phase gazeuse (CPG). Cette analyse chromatographique donne la quantité de chaque constituant biochimique présent dans l’huile essentielle. Cette étape est fondamentale car une huile essentielle reste un produit naturel dont la constitution biochimique peut varier d'une année sur l'autre et d'une plantation à l'autre.
A l'instar des huiles végétales, préférez les huiles essentielles françaises, cultivées et transformées par les producteurs locaux. Par exemple, les molécules contenues dans l'huile essentielle française de laurier noble ressemblent à celles présentes dans l'huile essentielle australienne de tea tree, avec une action anti-virale exacerbée !
FABRIQUER SES PROPRES MATIères premières
Réaliser soi-même ses matières premières, c'est possible et incroyablement gratifiant. Testez par exemple cette recette de poudre d'écorces d'oranges, idéale en cosmétique aussi bien qu'en cuisine ou encore cette recette de macérat de vinaigre blanc aux agrumes, parfait pour vos produits d'entretien comme la lessive ou le nettoyant ménager.
En atelier, apprenez à réaliser un macérat huileux de calendula, une teinture-mère ou encore les différentes étapes, de la cueillette au séchage des fleurs d'hibiscus ou de camomille romaine !
PENSER LOCAL en vrac
Pousser la porte d'une enseigne bio locale de vente en vrac est encore le meilleur moyen de se procurer les matières premières nécessaires à la confection des recettes fait maison : Les produits sont généralement de bonne facture et leur origine est contrôlée. On y déniche généralement le vinaigre blanc et le savon de Marseille (vert) en vrac sans emballage, le bicarbonate, le percarbonate et les cristaux de soude en sac de 1kg ainsi que certaines huiles essentielles et eaux florales, produites localement de préférence, comme celles issues de la distillerie auvergnat de Saint-Hilaire.
En aparté, je trouve notamment mon bonheur à La Vrac’rie, la nouvelle épicerie vrac et zéro déchet située à Léognan. La liste des produits disponibles s’allonge au fur et à mesure de leur évolution, à l’instar de mon engouement pour cette enseigne responsable.
et l'Origine dans tout ça ?
Consommer bio ne signifie malheureusement pas de facto consommer local. Par conséquent, il est intéressant de connaitre l'origine des produits consommés. De même, la mention "Made in France" ne garantie pas que le produit est d'origine locale, mais seulement qu'il a été assemblé - en partie - en France.
Méfiance également avec les appellations d'origine non contrôlées comme "Savon de Marseille" ou "Cèpes de Bordeaux" dont l'origine peut être étrangère et ce, en toute légalité.
Alors, mieux vaut-il consommer local ou bio ? Du bio en sachet plastique ou du local en vrac pas bio ? Personnellement, je privilégie les circuits courts, fussent-ils non labellisés. Connaissant a minima mes producteurs locaux, je sais qu'ils travaillent avec la terre et non contre elle, sans produits phytosanitaires. Il faut aussi savoir que le label a un coût, non négligeable dans les premières années d'installation du micro-entrepreneur en agriculture paysanne. Enfin, si le label bio impose le respect d'un cahier des charges restreignant - en partie - l'usage de produits phytosanitaires, il n'en demeure pas moins que ce label a encore son bout de chemin à faire, en témoigne ces tomates vendues en décembre, à l'instar de ces fraises produites hors sol au sein d'une serre surchauffées ou de ces avocats mexicains sur-emballés de plastiques. Pour rire (jaune), il n'y a qu'à consulter la campagne #PlasticStupide menée par consommonssainement.com sur les réseaux sociaux.
Ainsi, privilégier les circuits courts (comme La Ruche qui dit Oui ! ou les Associations pour le Maintien de l'Agriculture Paysanne (AMAP) et se renseigner sur la provenance des produits est le meilleur moyen de s'assurer une transition douce vers une consommation alternative plus responsable et qualitative.
BIBLIOGRAPHIE
Ouvrages de référence :
- Aromathérapie : 100 huiles essentielles, Dominique Baudoux, éd. Dunod, 2020
- Aromathérapie, Jean Valnet, éd. Vigot, 2020
- Atlas de botanique parfumée, Jean-Claude Ellena, éd. Arthaud, 2020
- La phytothérapie de la femme : accompagner au quotidien les cycles du féminin, Fabienne Goddyn, éd. Rustica, 2020
- Aromathérapie pour les enfants : 100 préparations pour tous les jours, Sabrina Herber et Eliane Zimmermann, éd. Delachaux et Niestlé, 2019
- Aromathérapie, Dominique Baudoux, éd. Dunod, 2017
- Plantes médicinales : phytothérapie clinique intégrative et médecine endobiogénique, éd. Lavoisier-Tec & Doc, 2017
- L'aromathérapie des petits, Anne-Laure Jaffrelo, éd. Alternatives, 2015
- Quelles huiles essentielles pendant ma grossesse ?, Danièle Festy, éd. Leduc.s, 2011
- Traité pratique de phytothérapie, Jean-Michel Morel, éd. Grancher, 2008
- Les causes et les remèdes (Liber compositae medicinae. Causae et curae), Hildegarde de Bingen, éd. J. Millon, 2007
- Prescription et conseil en phytothérapie, Jean Raynaud, éd. Lavoisier-Tec & Doc EM Inter, 2005
- Les quatre flores de France, Paul Fournier, éd. Dunod, 2001
- Traité pratique et raisonné des plantes médicinales indigènes, François-Joseph Cazin, éd. Envol, 1997
- Flore descriptive et illustrée de la France, de la Corse et des contrées limitrophes, Hippolyte Coste, éd. A. Blanchard, 1993
- Phytothérapie : se soigner par les plantes, Jean Valnet, éd. Livre de poche, 1986
- Flore complète portative de la France, de la Suisse et de la Belgique, Gaston Bonnier, éd. Belin, 1986
Source dématérialisée :
- https://www.syndicat-simples.org/
- https://www.economie.gouv.fr/dgccrf
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Lilo (jeudi, 14 mai 2020 18:21)
Milles merci grâce à toi je me suis enfin lancée et depuis j'arrête plus !! Pour l'atelier de décembre j'avais utilisé l'huile de calendula j'ai adoré mais je n'en ai plus comment passer commande ?