Pourquoi cultiver sur butte ?
"La culture sur butte permet d'aborder tous les aspects de la vie du sol, de la transformation des matières organiques, de l'importance du paillage, des technique d'arrosage, etc. La butte [...] est directement plantée de légumes et donne de belles récoltes." (2)
La terre est le résultat du mélange entre le sol et la partie organique, l'humus. Le sol, couvert de végétation est ainsi morcelé par les racines des plantes, favorisant la circulation de l'air et de l'eau, et donc la création d'un microcosme, propice au développement des micro-organismes. C'est ainsi que la majorité des plantes vivent en étroite collaboration avec la faune et la flore du sol. Construire une butte, c'est tendre vers la reconstitution du sol humifère de nos forêts !
La butte sandwich convient a priori à toutes les terres, y compris celles en friches, pendant 3 ou 4 ans sans nouveaux apports de fertilisants ! Elle est auto fertile et elle permet de produire beaucoup sur une petite surface. Pour autant, la butte peut être réservée aux sols vraiment difficiles, voir aride. La méthode présentée ci-dessous est pratiquée aux jardins pédagogiques du Mas de Beaulieu, sur la commune de Lablachère dans le sud de l’Ardèche (3) et provient du manuel des jardins agroécologiques de Terre et Humanisme initié par Pierre Rabhi, essayiste et agriculteur fondateur du mouvement Colibris (2).
La butte permet de valoriser des matériaux tels que les tas de ronces, les grosses branches, les épineux, les branches de palmier, les feuilles mortes, les cendres, les coquilles d’œuf, etc. L'aération par le bois permet la transformation et le compostage de ces matériaux enfouis.
Le bois joue un rôle d'éponge à nutriment et à eau. L'arrosage en eau sera, à terme, moins conséquent.
Dans la nature, les sols ne sont jamais nus. La technique du paillage permet de limiter l'accès des insectes indésirables et de protéger les végétaux des fortes variations de température.
Choisir des végétaux qui cohabitent en bonne intelligence via le compagnonnage permet de repousser certains nuisibles et certaines maladies.
Le potager n'étant pas traité chimiquement, l'environnement est préservé et le sol est stimulé.
Les étapes de construction de la butte
Vous retrouverez ces étapes, parfaitement explicitées dans l'ouvrage précité (2). Les voici retranscrites :
1. Pour une butte de dimensions finales de 1,40 mètres sur 2,20 mètres, délimitez un espace de 1,60 m de large et de 2,40 m de long. Pour ma part, j'ai utilisé des piquets et du fil de chanvre afin de délimiter artificiellement l'espace nécessaire.
2. Pelez la terre de cet espace sur quelques centimètres de profondeur, en sarclant toutes les herbes en place. Réservez cette "pelée" constituée de végétaux et de terre. Cela permet d'éliminer de nombreuses semences d'herbes sauvages non désirées en dormance dans la terre de surface. Délogez les squatteurs !
3. Creusez au centre de l'espace pelé une fosse de 35 cm de profondeur et de 1 m de large sur 1,8 m de long.
4. Émiettez la terre de cette fausse et enlevez les gros cailloux et les racines de plantes gênantes. Réservez cette terre "propre" séparément de la "pelée" en la disposant sur une bâche par exemple.
5. Remplissez entièrement cette fausse avec du bois mort de maximum 7 cm de diamètre, tailles de haie, broyat forestier. S'il vous manque de la matière, c'est l'occasion de faire du stock lors d'une petite promenade en forêt.
L'objectif est de mettre un maximum de bois bien compacté au fond de la fausse. Pour ce faire, couper des morceaux de 30 à 40 centimètres et les ranger bien parallèlement dans le sens de la longueur de la fausse. Tassez fortement.
6. Disposez sur le bois la pelée contenant les herbes fraîches sarclées et le peu de terre qui va avec (10 cm environ).
Ajoutez sans tasser de la paille, des feuilles mortes, du foin (10 à 20 cm environ) et arrosez copieusement (on lâche les vannes : 5 à 7 arrosoirs d'eau).
7. Ajoutez sans tasser une couche riche de compost ou de fumier (10 à 20 cm) et arrosez copieusement (on lâche les vannes : 5 à 7 arrosoirs d'eau).
8. Remettez délicatement la terre "propre" sortie de la fausse sans la tasser, et formez à l'aide du râteau une belle butte.
9. Placez des "entonnoirs" fabriqués à l'aide de bouteilles plastiques ou d'autres matériaux de récupération (tuyaux, petits fagots) Ils assureront l'alimentation en eau de la butte en profondeur, surtout nécessaire la première année pour la transformation du bois et la dynamique de la butte (circulation de l'air et de l'eau).
10. Plantez directement les légumes "voraces" (tomates, potimarrons, courgettes, piments, salade, etc.) et couvrez le sol de la butte de
quelques centimètres de paille, de feuilles ou de broyat.
L'arrosage
se fera via les entonnoirs en plus de l'irrigation normale (arrosoir, tuyaux micro-suintant ou goutte-à-goutte).
Vous pouvez planter des fleurs sauvages aux abords du potager afin d’attirer les pollinisateurs, fixer un nichoir dans le jardin et éventuellement ériger une barrière avec des morceaux de bois ou des pierres autour de la parcelle afin de décourager les nuisibles.
Si la réalisation de cette butte demande pas mal d'huile de coude, il est toutefois possible de séquencer les différentes étapes décrites ci-dessus.
BIBLIOGRAPHIE
(1) DES, https://www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/tous-les-concepts
(2) "Le manuel des jardins agroécologiques, soigner la terre pour mieux nourrir les Hommes",
Terre et Humanisme, Pierre Rabhi, , éd. Actes Sud, 2012, p. 149-151
(3) Terre et Humanisme, https://terre-humanisme.org/jardins/
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